Qu'est-ce que VKontakte, le réseau social russe où migreraient les Gilets jaunes ?

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MM
Publié le 13 février 2019 - 12:51
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Entre 4.000 et 5.000 gilets jaunes défilent à Bordeaux, le 9 février 2019
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© MEHDI FEDOUACH / AFP
Les Gilets jaunes passeraient de Facebook à VKontakte pour éviter "la censure".
© MEHDI FEDOUACH / AFP

Les Gilets jaunes sont-ils en train de migrer de Facebook vers VKontakte, le réseau social russe? Selon un média proche du gouvernement de Vladimir Poutine, c'est le cas. En France, le réseau social était déjà plébicisté par l'extrême droite. 

Selon le média inféodé au Kremlin, Sputnik France, les Gilets jaunes seraient en passe de quitter Facebook, où ils estiment être victimes de la censure, pour rejoindre VKontakte (VK), un réseau social russe populaire dans les milieux de l'ultra-droite raciste et antisémite en France.

Ce réseau social a été crée en 2006 par Pavel Dourov, également cofondateur de l'application de messagerie instantanée Telegram, dont il a été directeur général jusqu'en avril 2014. Le jeune homme avait fait savoir à l'époque sur son compte personnel que le FSB, les services de renseignement russes, lui avait demandé le 13 décembre 2013 les données personnelles des organisateurs d'EuroMaïdan, le groupe à l'origine de la contestation pro-européenne à Kiev ayant abouti à la chute du président ukrainien pro-russe, Viktor Ianoukovitch. "Notre réponse a été et reste un refus catégorique", avait-il fait savoir. 

"Le succès (de VKontakte, NDLR) est fulgurant mais en 2011, le FSB lui ordonne de livrer des données sur des opposants politiques qui utilisent ses services. Face à son refus, il est invité à revendre sa participation de 12% à un proche du pouvoir, puis à quitter la direction de VKontakte", explique Le Figaro. VKontakte passe donc sous le contrôle d'hommes proches de Vladimir Poutine, les oligarques Igor Setchine et Alicher Ousmanov. A en croire Moscow Times, le réseau comptait 95 millions d’utilisateurs mensuels début 2017, avec une croissance record de plus de 40% de ses bénéfices en 2015 et 2016.

Lire aussi - Gilets jaunes: non, le gouvernement n'utilise pas Facebook pour censurer les manifestants

Assez peu connu hors de la Russie et des pays limitrophes de langues slaves, le réseau social possède pourtant un certain nombre de pages en français. Et pour cause, il est particulièrement plébiscité par des personnalités racistes et antisémites à l'image d'Alain Soral, de Dieudonné ou encore de Boris Le Lay (qui est soupçonné d'être derrière le site ordurier démocratiepartipative). Si ces figures de l'ultra-droite ont "migré" vers le "Facebook russe" c'est qu'ils se disent victime de censure sur Facebook.

"Je suis parti sur VK parce que j'ai été viré de Facebook et Facebook c'est l'Empire! Alors je rebondis ailleurs", avait fait savoir Alain Soral en janvier 2018 à 20 Minutes. "Les renseignements russes ont un œil sur VK, où la liberté d’expression est en réalité relative. C’est la chose de l’Etat russe, qui veut un contrôle de l’Internet sur le modèle chinois", soulignait Tristan Mendès France, enseignant au Celsa et spécialiste des nouveaux usages numériques.

Les accusations de "censure" sur Facebook qui étaient portées par l'ultradroite trouvent un certain écho auprès des transfuges Gilets jaunes de Facebook à en croire un des animateurs des groupes de contestations sur VK interrogé par Sputnik. Ce dernier y voit d'ailleurs la main du gouvernement français: Emmanuel Macron a rencontré Mark Zuckerberg en mai dernier, les deux hommes auraient alors conclu un deal. Soit sept mois avant que le mouvement des Gilets jaunes ne naisse... sur Facebook.

Voir:

Pour Poutine, l'Occident veut freiner "la montée en puissance" de la Russie

Lioudmila Alexeeva: la lutte pour les droits de l'homme de Brejnev à Poutine

Gilets jaunes - le "compteur officiel" censuré sur Facebook?

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